Hier soir, test de Spanish Civil War, un jeu stratégique de Javier Romero sorti chez GMT en 2010. Le jeu retrace les événements des années 1936-1939, les pions sont des colonnes, des brigades et des divisions.
Je savais qu’on devait jouer, mais je ne savais pas à quoi, quand je suis arrivé chez mon adversaire, le setup du jeu était fait, les règles lues, plus qu’à m’expliquer, c’était le dernier des jeux d'une liste GMT que nous devions tester en priorité, enfin celle que l’on avait décidé à l’été 2010…
Mon adversaire y a déjà joué contre Tagmata à Lyon et a perdu alors qu’il jouait les Nationalistes.
Le jeu se déroule de la façon suivante, phase administrative (événements, remplacement, renfort, mouvement stratégique), phase nationaliste et phase républicaine. Evidement je prends les républicains, un des derniers mythes encore vivace chez moi.
Tour 1, je tire une offensive obligatoire sur Oviedo, mon adversaire attaque mesquinement mes rares unités avec un potentiel d’attaque de 0 et de défense de 1. Il met aussi la pression sur le Nord afin de m’empêcher de sortir et de faire la jonction entre l’Est et le Nord., pendant tout cela, moi je regarde une carte de l’Italie physique et agricole de Vidal de la Blache qui traîne contre sa bibliothèque, j’aurais pas du, car lorsque je me réveille de mes rêveries, c’est pour me rendre compte que l’attaque de Montanchez s’est soldée par l’élimination totale de mes troupes.
C’est à moi, aucune idée de ce que je dois faire, je n’ai pas en tête les opérations historiques, du coup je pars la fleur au fusil avec l’envie de descendre du fasciste. Mes colonnes donnent dans le 6 au d6, ce qui veut dire qu’elles attaquent (on a pas vu le modificateur de -2 au tour 1 et 2) avec un enthousiasme tout révolutionnaire. A Oviedo, puisque j’y suis obligé, je perd 4 pas de perte et lui aucun, à Pampelune, toutes mes troupes disparaissent aussi, on va arrêter les frais ici.
Tour 2, Durutti meurt, mon moral baisse de 1 point. Mon fourbe adversaire me fait peur, il cherche les marocains qu’il avait oublié et les place sur la carte, ça fait du beau monde et surtout ça lui fait des pions avec des vrais valeurs d’attaque ( 4 ou 5) . Des renforts arrivent un peu partout, je commence à claquer des points de remplacements, même si je n’en n’ai qu’un par tour, c’est déjà ça de pris. Mon inquiétude se fait d’autant plus grand que mon adversaire émet des « hum hum » de satisfaction et alors que je prends ces notes pour le CR, il les redouble, je sens le mauvais coup. Il enchaîne sur des « c’est bon », redoublés là aussi, que prépare-t-il donc ? Je le sens pas ce tour mais alors pas du tout.
A Séville, une grosse pile de pions est repérable depuis le front nord, c’est dire sa hauteur, mon adversaire va s’en servir pour aller entre Valence et Madrid, ce qu’il appelle le ventre mou, il nettoie aussi toutes les petites villes du Sud où je n’ai que des garnisons ridicules. Ce moment je repose mon cahier et fait disparaître le front nord, les pions valsent jusqu’à Madrid, heureusement, il n’y avait pas eu trop de mouvement, on remet les pions en place, plus de peur que de mal.
Attaque à Merida, pas de perte pour lui, 5 pour moi, je n’ai qu’un pas mais quand même, je perds la ville et donc -1 en moral. A Badajoz, il m’attaque à 6 :1, aucune perte pour lui, 6 pour moi, la ville tombe et un 2e point de moral en moins. A Huelba, il attaque à 3 :1, utilisant ses avions et son artillerie de marine, 0 pour lui, 4 pertes pour moi, là encore un point de moral perdu. Dans les Asturies, une de mes piles se fait encercler, à 3 :1, il prend 2 pertes et moi 1.
Ma phase de jeu arrive, mon adversaire joue l’événement « désertions massives », une ou deux colonnes disparaissent, je bouge des trucs au Nord et au Sud, j’attaque à Grenade à 2 :3, on se rend compte à ce moment qu'on a oublié le -2 au dé pour savoir l’attitude des colonnes avant le combat, ici et à Oviedo, mes gauchistes refusent d’attaquer, No pasaran qu’ils disaient…
Tour 3
Renforts en masse à Barcelone et Valence, alors que le peuple madrilène se mobilise, pendant qu’il bouge ses troupes, je repense à mes potes anars et punks à chien, au mythe que représente l’expérience catalane de la révolution, à la violence qui inspire leur positions, pour pas grand-chose. Mon adversaire lui il s’organise autour de Madrid, il faut dire que s’il la prend avant le tour 6 je perds par mort subite.
Il attaque et isole les Asturies et Santander, deux combats, pas de perte pour lui, 2 pour moi, 1 pas de perte pour lui, 3 pour moi. Au Sud à coté de Cordoba il attaque à 3 :1 ; se prend une perte et moi 2, à coté de Grenade, à 4 :1, il s’en sort indemne et moi avec 4 pertes, ma pile d’unités éliminées commence à devenir inquiétante
J’attaque à Ségovie et je perds un pas, et à Tolède, l’Alcatraz tient toujours.
Tour 4
J’utilise 4 points de Remplacements en vue de prendre des unités qui se transformeront dans un tour ou deux en brigades ou divisions, éliminer les gauchistes indisciplinés pour mettre une place une machine de guerre apte à défendre la République (note pour plus tard, éviter de faire ressortir mes tendances staliniennes dans mes CR). L’allure générale de la carte change, les lignes de front se consolident, sauf au Nord où la poche républicaine est déjà vide à cause de l’esprit va-t-en guerre du premier tour ( 7 unités éparses).
Le Nationaliste attaque à Santander à 7 contre 1, 2 pertes pour lui, 4 pour moi, -1 au moral. Au sud de Bilbao, à 5 :1, pas de pertes pour lui, 5 pour moi, à Cuidad Real 7 :1, pas de pertes pour le fasciste, 5 pour les gauchistes. Au Sud de Madrid à8 :1, je m’en prends encore 4 pour rien chez lui, ma ligne de défense est percée. A Talaverde, 5 :1, 0 pour lui, 3 pour moi. Comment dire, ils se sont tous baignés dans le Styx avant de venir ? Je commence à saisir que l’armée républicaine n’est pas taillée pour l’attaque, au mieux pour le mouvement et la défense de villes objectifs. Les attaques continuent, à Molina 5 :1, 0 pour lui, 4 pour moi. A Malaga, 1 pour lui, 0 pour moi, ouf la ville est sauvée temporairement. A Almeria 4 :1, 1 pour lui, 3 pour moi. Il ne reste plus aucune unité verte, c'est-à-dire républicaine, au sud de la ligne Madrid/Valence.
Moi je fais juste une attaque devant Saragosse qui merde à 2 :1 je me prends une perte et lui rien, j’enrage !
Pour une fois que je me sentais d’humeur offensive, je me retrouve avec une armée qui ne répond en rien à mes désirs, du coup je me retrouve dans ma position habituelle…on changera pas l’Histoire.
Tour 5
Début de la disparition des colonnes avec l’arrivée de division, on en avait bien besoin, le hic, c’est que c’est la même chose en face et c’est encore en notre défaveur.
Pendant que mon adversaire s’occupe de ses renforts, je jette à nouveau mon regard sur la carte de l’Italie et m’arrêtent à la Croatie, je prends conscience de la proximité entre l’Autriche et cette dernière, repense aux guerres des 90’, à la notion de frontière, mon regard revient vers la carte, et part vers la frontière franco-espagnole, à cette idée où une ligne imaginaire protège de la guerre, à la façon de la Suisse pendant les deux guerres. Je me rends compte que je ne regarde pas les mouvements de mon adversaire depuis 2 tours, il avance et renforce ses lignes à Burgos et Teruel, attaque à nouveau Malaga à 3 :1, 2 pertes partout mais j’ai plus rien, je perds 2 points de moral. A l’Alcazar de San juan à 3 :1, il en prend une moi 3, j’ai plus rien non plus. A Bilbao à 2 :1, il ne prend rien, moi 1 et à Tolède à 5 :1 il ne prend rien et moi 4, il libère l’Alcazar, je perds encore 2 points de moral…
Je me rends compte que mes colonnes auraient du être mieux utilisées, vu que certaines disparaissent, il ne faut pas craindre les pertes. J’attaque à Gijon, à 2 :1, il s’en prend une et libère un hex, qui me permet de développer mon front. A Huesca j’attaque à 2 :1 avec l’enthousiasme révolutionnaire, mais sur un terrain difficile et à travers une rivière mineure. Peu importe j’ai libéré la ville de l’hydre fasciste, je regagne 2 points de moral et j’ai ainsi accompli ¼ de mes objectifs, il m’en faut encore 3 autres et c’est mort subite pour lui. Devant Saragosse mes troupes piétinent, il en prend 2 mais moi aussi, du coup pas d’avance même si l’hexagone qui était vital pour ouvrir la voie de la ville était devenu vacant.
Tour 6, la poche de Gijon est un peu consolidée, la défense au xus de Madrid renforcée. J’ai désormais 4 mouvements par rails autorisés par tour. On souffle un peu mais c’est pas gagné. La disparition des colonnes au sud libère les dernières villes, Mon adversaire s’empare de Alicante, Elche et Mursie, soit -4 pour le moral au total pour ma pomme…Il attaque ensuite Bilbao, avec les boches de la légion condor qui vient d’arriver ( soit un +6 à sa force d’attaque), 2 :1 au final, il fait 6 avec un drm de +2, et ne prend rien, je m’en prends 4, Bilbao tombe…A Albacete, à 6 :1, toujours aidé par les vils nazis, il fait un …6 ! je suis éliminé et perds un point de moral. Au sud de Madrid, 6 :1, 6 encore, il ne prend rien et moi 4, il prend Aranjuez. A l’ouest de Madrid, légion condor encore, 4 :1 , encore un 6, soit 4 successif, là il est bien over-stat !, il s’en prend 1 et moi 4.
C’est mon tour, j’attaque sur Oviedo, sur de moi et de mes belles divisions toutes neuves, à 1 :1 je fais 1, le front nord a entièrement disparu, je perds le HQ qui venait d’arriver. A Jaca pas d’attaque pour insubordination, j’ai fait 1 là aussi… et à Saragosse, je fais encore un 1, soit 4 dans ma face et 1 pour lui, ma précieuse pile rassemblée sur plusieurs tours disparâit.
Tour 7, là faut vous dire, c’est pas seulement les points de moral qui baisse, c’est le mien, sans déconner c’est quoi cette injustice, il fait 4 fois des 6 et moi autant de fois des 1…Franchement j’ai le moral dans les chaussettes et j’ai plus trop envie de jouer, à Gijon, j’avais le tour précédant 15 points en défense, là il peut y pénétrer tranquille. Je n’ai plus aucune envie que la partie s’éternise. J’ai franchement peu de latitude pour faire des contre-attaques.
Il attaque la ligne qui relie Madrid à l’Est de la carte et qui permet le ravitaillement de toutes les unités autour de Madrid. Les italiens attaquent le point faible, une division blindée que j’aurais du stacker avec d’autres pions plutot que de la garder en défense, à 30 :1 elle est éliminée. Au Sud de teruel, à 4 :1 il ne prend rien et moi 3 pas, le front est séparé entre Valence et Barcelone après une bataille où il ne prend rien et moi 6 pas. Il s’empare ensuite de Castellon. Madrid n’est plus ravitaillée. J’abandonne…
J’ai relativement bien vécu le début de partie, le stylo sous la main m’a d’autant plus permis de ne pas m’ennuyer. J’ai fait deux grosses erreurs à mon sens, l’abandon du Sud, mais je n’avais pas en tête qu’ils avaient à résister, et les attaquent inutiles au Nord qui ont fait disparaître des unités qui auraient été plus utiles en défense. On convient avec mon adversaire que le jeu n’a sans doute pas une grande rejouabilité, mais en cela c’est une bonne simulation. Je rentre, musique 80’s dans les oreilles, ouvre Boardgamegeek et lis, avec stupeur que le jeu est favorable aux Républicains…Plus Gamelin que moi tu meurs. Je le ferais pas ce CR, franchement ça sert à quoi de raconter ces pertes de temps irritantes. Aujourd’hui, je me reprends, il faut savoir tirer les leçons de ses erreurs, je publie.
Dernière minute, mon adversaire à l’instant me menace de représailles si je ne dis pas que son poulet aux oignons et ses bières étaient des merveilles culinaires et que l’accueil est toujours class', chose faite, je pourrais ainsi retourner chez lui ( et lui emprunter plein de magazines pro german biais). A ce propos une dernière chose, il existe un scénar avec l’invasion de l’Espagne par les nazis, ils ont 8 divisions à 25 points d’attaque, après discussion avec mon adversaire, on se dit que c’est nimp au niveau stratégique et diplomatique, mais il me propose gentiment de le joue en me laissant les nazis.
J'arrive pas à justifier le texte, désolé pour la lecture.