lundi 18 septembre 2017

Target Leningrad, un jeu pour les fillettes !



Je n'avais aucun espoir qu'un jour, ma fille soit fascinée par mes wargames. Pourtant, ces dernières semaines j'ai déménagé une partie de ma collec, réinstallé un table et c'est elle qui m'a tanné pour jouer. Elle ne cesse de répéter qu'elle veut y  jouer depuis sa tendre enfance. Un souvenir sans doute de notre précédente vie, où elle voyait sans cesse des cartes sur dans mon bureau. J'ai toujours repoussé le moment, j'ai fait du plateau, de la gurine. Elle a gagné de l'expérience de jeu.  Elle commence l'Histoire cette année à l'école, et elle me demande de partager ma table, en cours,  une partie de 1914 Glory's End, pas super complexe, mais pas franchement à mes yeux une bonne entrée en  matière. Trop de pions, un peu de chrome quand même, pas idéal pour débuter.

Je lorgnais depuis une semaine sur un jeu paru dans le magasine Vae victis, un  de taille modeste, mais en fait, ceux que j'avais sous la main n'étaient pas adaptés non plus, j'aurais pu essayer "à la charge", ou un module d'"au fil de l'épée". J'ai encore cogité et je me suis rappelé de mes dernières solderies jocadiennes. Pour 7 euros, j'ai chopé, lors de la liquidation du rayon wargame du magasin, Target Leningrad, un  jeu de Victory Game. Le front nord,  lors de l'offensive barbarossa, peu de pièces de jeu et une table de combat  et des terrains tout ce qu'il y a de plus classique. Le B-A-BA du wargame. Temps de jeu annoncé 45 mn, 8 tours de jeu. Banco. Elle ne pourra même pas dire qu'elle est tombée sur un jeu pas terrible comme ce fut le cas pour moi avec Friedland ( Descartes).




Sorti sur mon bureau depuis samedi soir, elle m'a évidemment demandé ce que c'était, si c'était un jeu auquel elle pouvait jouer.  J'ai commencé à lui expliquer les règles, l'idée de mouvement, de terrain et de valeur de combat. Pas de soucis, la lecture de la carte, ça fait un moment qu'elle a compris que les sapins étaient des forêts et les traits bleus les rivières.  En revanche, elle ne connait rien à l'histoire de cette période, je lui ai juste présenté les Allemands comme les méchants, des envahisseurs qui ont tué beaucoup de monde, et les Soviets comme les gentils. Ouais tu pourras toujours me faire un procès sur le nombre de millions de morts, mais c'est comme ça que j'ai choisi d'éduquer ma fille, en présentant l'U.R.S.S comme faisant partie des alliés, à la niche sale nazi! Elle joue les rouges, mais sans connaître plus que ça la géographie et les villes du coin, mais elle adore les maths, surtout les problèmes, et possède un certain sens de l'abstraction. 



C'est ainsi qu'elle va jouer, sans chercher à conserver des villes, mais à faire un périmètre de zoc, zone de contrôle pour les incultes, les 6 hexagones adjacents à l'unité,  concept qu'elle a très vite compris, pour que je ne puisse pas percer. Elle s'est rendue compte de la séquence inversée. L'Allemand bouge tout, attaque et bouge panzer et réserve, le Soviet bouge les tanks et utilise le rail, attaque et bouge tout ensuite.  Elle a vite maitrisé le truc et très bien joué la défensive, surtout que je n'ai pas particulièrement pas bien joué l'attaquant, non pour lui permettre de gagner, mais parce que je reste toujours le Gamelin de tous les fronts, avec mes peaux de sauc' sur les yeux.  J'ai cru bon de prendre la péninsule estonienne plutôt que la ville objectif, Leningrad,  car j'étais fixé sur le nombre de villes à contrôler et que cette péninsule en possède quelques une qui me semblaient plus accessible que Leningrad.



J'ai pris du retard de fait et n'ai contrôlé à la fin que 10 villes sur les 14. Elle avait perdu sa flotte à cause de mes mines, mais globalement l'avait bien utilisée pour éviter de retraiter depuis les ports. Je ne sais si elle comprenait ce qu'étaient les unités mécanisées, les fronts et les divisions, mais elle a su jouer avec les chiffres des pions sans aucun soucis. Elle a réduit le wargame a son plus simple coté mathématique. Patiemment elle a utilisé ses remplacements et ses renforts, a rebouché les trous tant qu'elle le pouvait, a maitrisé la logistique ferroviaire.



Du coup j'ai cherché les autres de la série, et me suis rendu compte que j'avais Objectif Kiev et Battle for Moscou dans des C3i, le magazine des jeux GMT. Même règles, même taille, j'espère avoir le temps d'y jouer ces prochaines semaines. Elle a l'air assez motivée et semble même vouloir aller au stade supérieur, mais comme on en parlait avec elle et mon vieil adversaire nivernais de passage chez moi hier, on doute qu'elle ait encore cette envie d'ici 6 ans, elle nous certifie qu'elle veut continuer à jouer, en tous les cas, je continue son éducation. 

 

Vous pourrez parler de manipulation, mais pas plus que lorsque l'on éduque ses gosses au sport, à la musique, à l'art, ou à tout autre chose ( gastronomie et j'en passe). C'est juste une question de transmission, et c'est surtout du temps passé avec ses enfants, du temps où des liens et des souvenirs se créent, en fait, sous ce vernis superficiel, on pourra vite comprendre qu'on atteint là l'essentiel. On en reparlera, on construira des souvenirs et même une culture ludique et générale, on fera plus de calculs que leurs heures de mathématiques hebdomadaire cumulées. Et l'ensemble deviendra épique.

Bon j'avoue que c'est un peu car elle baigne dans le jeu une part importante du temps, mais rassurez-vous le ciné et le vélo occupent les 2 autres tiers, le tout sans tablette ni console, n'en déduit pas que je suis réac camarade, sinon j’invoquerai un Stal-Zombie pour venir te chercher.

5 commentaires:

  1. Super, belle expérience ludique et filiale.

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  2. les jeux VPG ont le mérite d'être relativement rapide à jouer et pas trop complexe, tout en étant graphiquement agréable.
    C'est bien que ta fille ait pu aller au bout de la partie et que cela continue à la brancher.
    ce qu'elle fera comme loisirs dans six ans, tu verra bien, entre temps je lui souhaite de bien s'amuser avec tes wargames :-)
    Domi

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    1. pire, elle s'est vantée auprès de ses potes qu'elle en faisait, ils lui ont dit qu'elle avait trop de la chance, c'te vantarde :). On se (re) voit à Lyon?

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  3. Battle for Moscow est très sympa aussi, jouable en 2-3h
    Trouvable dans les 5-10 euros

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  4. Ca ne m'étonne pas qu'elle fasse des envieux, jouer a des jeux de guerre avec son père ! moi j'aurais bien aimé.
    On devrais se revoir à Lyon effectivement :-)
    Domi

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