Commands and colors Napoleonics est une des dernières adaptations du système de jeu de Richard Borg, développé au départ pour la guerre de sécession dans le jeu Battle Cry en 2000. Le plus célèbre opus de cette série qui n'en est pas une, étant Mémoire 44, sur la 2e guerre mondiale . Pour résumer grossièrement le système, vous avez un plateau de jeu où se trouve une grille hexagonale avec 3 lignes pointillées qui représentent 3 sections ( gauche, centre, droite), vous avez un paquet de cartes qui vous permet s'activer des unités aléatoirement en fonction de ce qui est inscrit sur la carte. Les pertes se sont avec des D6 sur lesquels vous avez un canon, un fantassin etc...et vous ne faites une touche que si vous avez le symbole représentant l'unité que vous attaquez.
Le jeu a été traité avec une relative indifférence sur Strategikon et attaqué violemment dans le Vae Victis 97. Les reproches qu'on fait à la série sont le principe d'activation aléatoire et le manque d'historicité, c'est vrai que le système couvre des batailles allant des guerres médiques à 1945!!! soit 2500 ans d'art militaire simulé d'une façon relativement identique. Normal que les grognards grognent, moi qui n'en fait pas partie -mais avec mon âge, ma présence aux conventions, mon blog et ma collection, je pourrais sans doute prétendre à intégrer un jour la "jeune garde"-, j'ai pas le même avis.
Chose étrange, si mon premier wargame fut napoléonien ( Friedland de Descartes), si mes premières expériences de gurines furent sur cette période aussi -j'avais la totalité des références ESCI ( soit 7 boites) sur la période-, dans ma collection de wargames, rien, si ce n'est Le Grand Empire que j'ai acheté cette année et donc ce wargame "light". Pourquoi cette absence ?
La période n'est guère le problème, je ne considère pas Napoléon comme un tyran, et je reste fasciné par la geste romantique qui reste accolée à son épopée. Hors l’héroïsme des charges de cuirassiers au 1/72, on m'avait offert un petit ouvrage sur Lannes, j'ai été fasciné à sa lecture par son ascension. Le livre faisait la part belle à la légende, l'image où il devient officier, car il sait lire, reste encore ancré dans ma mémoire. Il était disait-on le dernier à tutoyer Bonaparte, je trouvais cela grandiose. Mes origines bourgeoises et roturières font que je possède 4 figures des "Etains du Prince" ( Lannes, encore lui, Kellerman, Duroc et Drouot), ma mère étant alors vendeuse dans une bijouterie, ça c'est pour la roture, elle avait 20% de réduction dessus. Plus tard pourtant, je suis tombé sur la légende noire, je n'ai jamais vraiment pris, même si j'ai en son temps adoré l'album d'un groupe de Hip Hop, Kabal, qui dans" De par les yeux d'un disciple" disait de mémoire " Non, vieux con, je ne vois pas Napoléon comme Héros de cette nation/ Mais plutôt comme un crevard donc le second prénom est ambition". Je n'ai pas replongé dans la légende depuis mais les interventions de l'historien Thierry Lentz sur la période me plaisent car elle me semblent mesurées et réfléchies, loin des polémiques.
La simulation de l'art de la guerre napoléonien? Là on tient quelque chose, les règles et les systèmes napoléoniens m'ont toujours semblé pénibles à cause des formations possibles: carré, colonne, tirailleurs, charge... des pions surchargés de chiffre: choc, élite, etc...en plus des carac d'attaque et de mouvement. Du coup je n'ai pas franchi le pas, rien d'OSG ou autre chez moi. Il faut dire que j'aime les jeux simples. J'aime Mémoire 44 et si j'ai pu faire quelques parties de wargame contre ma dulcinée c'est grâce à Commands and colors Ancient. J'ai donc naturellement posé un P500 sur la version napoléonienne. C'est le genre de jeux que je suis sûr de rentabiliser car je peux les installer face à des personnes de passage chez moi, pas long à expliquer, pas long à jouer, pour moi des conditions idéales pour initier et jouer quand on ne veut pas y consacrer trop de temps.
Vous allez me dire que je digresse beaucoup pour parler d'un jeu auquel, il faut que je l'avoue maintenant, je n'ai pas joué! Rassurez-vous, si je fais ce billet c'est parce que dans la cadre du club que j'anime pour des gamins, ma boite a servi 2 fois avec succès, pour des batailles que je n'ai fait qu'arbitrer.
Première bataille, il faut vendre le jeu, donc une bataille célèbre, problème, le jeu est anglo-centré, la boite de base se consacre aux opérations au Portugal et en Espagne. Pas très vendeur, mais il reste Waterloo, que nous n'aurons pas le temps de finir. Les gamins aiment, adorent même si la mise en place est laborieuse, j'ai pas la traduction des cartes et me rends difficilement compte de leur méconnaissance de l'anglais, les différences de force et de capacité entre les unités les changent de Mémoire 44 et ils me demandent de consulter sans cesse le tableau de référence. Les Anglais ont mené tous les tours qui ont été joués.
Une photo avec le setup de la bataille tirée de BGG, j'avais pas mon appareil |
Deuxième bataille, je choisi la première de la boite et je trie les pions chez moi, la première fois, nous avions perdu du temps à cause du nombre de troupes différentes. C'est le problème de cette version et de Ancient, il faut trouver les bonnes silhouettes et comme c'est des blocs de bois et pas des figs, ça prend plus de temps que dans M44/Battle Cry. Cette fois-ci les jets de dé font la partie, je ne le cacherais pas, et les Français en infériorité la remportent. J'ai trouvé la traduction des cartes en VF, les gamins sont contents. La recherche du cac ( corps à corps) en fait un jeu sanglant, la cavalerie à l'aise dans son rôle bouscule les positions de part et d'autre, l'aile portugaise est anéantie. Les gamins commencent à comprendre les techniques de l'époque et des anglicismes, typiques de tout geek qui se respecte, commencent à naître et à montrer la maitrise du jeu ("non, c'est de la line", "tu peux pas c'est de la horse, comprenez c'est de l'infanterie de ligne et c'est de l'artillerie à cheval). La partie s'achève, on remet ça sous peu, j'ai réussi à remplacer la super vendeuse 2e guerre par du napoléonien. Quelques jours plus tard, des gamins me redemandent les références exactes du jeu, car ils ne les ont retenu que sous cette forme "vous savez Mémoire 44 avec Napoléon". Je leur ai dit qu'on ne pourrait faire Austerlitz qu'à Noël car les extensions sur l'Autriche et la Russie ne sont pas encore sorties, ils sont verts mais ont hâte de les essayer. Oui, je sais je ne fais que propager la légende dorée. Ce qui m'intrigue à l'heure où j'écris ce post, c'est les souvenirs qu'ils en auront dans une vingtaine d'années, la distance qui me sépare aujourd'hui des charges de mes chers hussards au 1/72e.
Vive l'empereur !