dimanche 28 avril 2013

Rencontre virtuelle avec Nicolas Beaujouan, l'auteur de Geek, la revanche


 J'ai profité de l'opportunité offerte par les réseaux sociaux pour contacter Nicolas Beaujouan, auteur du livre Geek, la revanche, sorti le mois dernier chez Robert Laffont dont j'ai fait la critique ici. Après un échange très amical, il m'a dit qu'il était d'accord pour répondre à quelques questions. Un retour de mail plus tard, Voilà donc mon premier interview, avec des questions foireuses mais des réponses qui valent le coup d'être lues.
 1) Bonjour, Nicolas Beaujouan. Le 4e de couverture de ton récent livre, Geek la revanche paru chez Laffont en 2013  te présente comme étant né l’année de la sortie de Star Wars. Pour toi combien y-a-t-il d’épisodes de Star Wars ? et que penses-tu des Trekkies?

C'est très dur comme question... Pour moi ce sont forcément les 3 premiers, mais sans les effets de 1999, et dans ces trois films, il y a trois genres différents. Personnellement le seul que j'étais en âge de voir au cinéma  c’est Le retour du Jedi et j'y suis très attaché pour cette raison. Aujourd’hui, le seul que je revois avec un vrai plaisir c'est L'empire contre attaque. La prequel a été largement pourrie par la présence de Jar Jar, mais aussi par le 100% fond vert et cette volonté absurde (à mon sens) de lier ses personnages et leur histoire de manière grossière avec la trilogie d'origine, ainsi que vouloir donner des réponses à tout.

Pour répondre à la dernière de ta question, je vais avouer que je fais partie de ceux qui aiment les 2 grandes franchises, mais j'ai toujours eu un gros gros faible pour Star Trek, j'ai pu voir plus de séries et de films en grandissant que de Star Wars. La fameuse «scène» de "générations" me tire toujours une larme ! Et si tu me demandes si je voudrais monter sur le pont de l’Enterprise ou du Faucon Millenium, je choisirais le premier sans hésiter.

2) C’est le manque de données sur la culture geek en France qui t’a incité à écrire ce livre ou le pur plaisir?
 
Simplement il y a quelques années j’ai voulu trouver ce livre pour moi en tant que lecteur. Mais ne trouvant rien, et à force d'entendre le mot utilisé systématiquement pour désigner le moindre technofile, je me suis décidé à développer un projet afin de le présenter à quelques éditeurs dont j'appréciais le travail sur la popculture.


3) Tu as choisi le même titre que le docu’ d’Arte l’année dernière, un rapport ? Tu y avais participé ou c’est un simple hasard ?
 
En fait une fois le livre fini, il fallait trouver un sous-titre pour le référencement commercial, et on a choisi celui-ci, plus pour le coté revanche culturelle que pour revanche du geek. Rien à voir avec le documentaire dont je n’avais pas trop aimé le coté régressif...


4) Comment les éditions Laffont ont-elles reçu le projet ?
 
Magique tout simplement, J'avais développé plusieurs projets de livres sur la popculture et la culture geek, en ayant pour repère de ton, une série de livre que Robert Laffont avait publié. J'ai d’abord cherché le nom de l’éditrice, trouvé son email et finalement décroché un rendez-vous. Je lui ai fébrilement présenté mes projets et celui-ci est immédiatement sorti du lot. Un mois plus tard, j'étais en train d'écrire. Cette maison d'auteurs m’a fait totalement confiance et m’a accompagné dans mes idées. Je n'ai pas eu de coupes ou de changements à faire, aucune image n'a été refusée et de plus, lorsque j'ai voulu faire deux couvertures différentes et une belle sérigraphie pour la sortie, ils ont juste dit oui dans la minute !


5) La culture geek est-elle, comme le Rock ou le Hip Hop, les autres grandes cultures jeunes, une marque de l'impérialisme US ? ou verrais-tu des spécificités avec une culture geek à la Française? 
 
C’est intéressant comme point de vue, mais je n’y adhère pas, j’ai le sentiment d’avoir autant de repères américains, anglais, français ou japonais...


6)  Tiens au fait, contre-culture ou sous-culture ?
 
Je n'aime pas le concept de contre-culture, j'en parle un peu dans le livre, car très souvent elle n'est que la future culture dominante, et elle n'offre un simulacre de changement. Pour moi la culture Geek a grandit en sous-culture, en marge pour devenir aujourd'hui largement dominante. Mais sa lecture et sa totale compréhension nécessitent une connaissance spécifique.


7) Ordre de préférence pour : littérature, ciné, comics, jeux vidéo, Jeux de rôles.
 
Aujourd'hui, sans parler de préférence, mon temps se sépare comme ceci > cinéma / littérature / jeux vidéos / jdr / comics, mais si demain un super jeu vidéo sort, ou un super jeu de plateau, tout est bousculé !


8) Ta définition du geek est  intéressante, large et non sectaire. Es-tu agacé par le fait que tout le monde se prétende geek aujourd’hui ? ou agacé par ceux qui délivrent des certificats de geekitude ?
 
Agacé non, surpris plutôt. J'ai encore aujourd'hui du mal à me définir comme geek, je baigne depuis toujours dans cette culture, et j'ai le sentiment que le prétendre est toujours déplacé, que c’est aux autres de te donner ce titre ! un peu comme une reconnaissance, un adoubement par ses pères, mais c'est mon coté romantique qui parle là.


9)  Que collectionnes-tu comme truc débile de geek ?
 
Rien et tout à la fois. Je n’ai plus de collection comme les cartes que je pouvais avoir plus jeune, et j'ai même donné tout mes jouets Star Wars à mon fils. Je ne sais pas si c'est débile, mais j'achète toutes les éditions que je peux trouver de Lovecraft, et mes collections sont des films, des livres etc... D'ailleurs j'en plaisantait avec des amis récemment en indiquant que j'aurais du coller un sticker sur le livre précisant qu'aucun produit culturel n'avait été téléchargé pour ce livre et que tout était disponible chez l'auteur.


10)  Les artwoks qui parsèment le livre, c’est pour t’éclater ( tu es graphiste de profession si je ne m’abuse) ou c’est par souci d’économie ( et hop pas d’illustrations officielles !) ?
 
Effectivement, c'est mon métier, je suis graphiste à 90% dans l'édition de livre, je crée des maquettes de livres, des couvertures. Et c'est tel qu’il existe aujourd’hui que je rêvais mon livre, comme un véritable objet graphique. Vu que mon travail d'auteur consistait à rendre compte de la richesse d'une culture et de ses références, seule cette dimension graphique est totalement personnelle. De plus j'ai graphiquement réalisé beaucoup d"ouvrages illustrés pour d'autres auteurs et je ne suis jamais content des résultats, les différences visuelles deviennent fatigantes.


11)  La promo tu la fais comment ? Des télés sont prévues ( nationale et/ou locales genre +ou –geek ?), ou le net est il le principal vecteur ? 
 
Je m'en occupe pas vraiment, j'ai juste des repères, des gens dont j'aime le travail et ceux-la sont important pour moi, après ce n'est que du bonus !
Par contre il est clair que le web est devenu capital dans la promotion.


12)  Tu dis et je te suis, que les geeks sont conservateurs. Tu les penses donc à droite ? (Edit: après avoir reçu les réponses, 90% des geeks que je connais sont plutôt très à gauche)
 
Pas conservateur au sens anglo-saxon, conservateur dans le sens muséale.


13)  Dans la même série, pourquoi, d’après toi, Le Figaro s’intéresse-t-il plus à cette culture que Libé ( Blog « suivez le geek », news sur les enchères à Drouot ou sur la vente de Batmobile alors que Libé reste muet ou presque…) ?
 
Je penses que tu vas loin là ! les journalistes sont les mêmes et les espaces web des différents magazines ne sont pas représentatifs du lectorat classique. J'ai le sentiment que c'est un fait qui n'a pas nécessairement de raison.


 14) Un avis sur la culture geek et le genre, suite à l’article de MAr_Lard ?

Pour être franc MAr_lard m'a fatigué avec son article. Elle a raison sur le jeu vidéo et les gamers, mais le monde des gamers n'est pas nécessairement celui des geeks. Le monde du jeu vidéo me fait souvent penser au salon de l'auto, avec tout les gros clichés de virilité absurde qui vont avec, les matchs de Starcraft ou League of Legend me font aussi penser au monde du foot, bref des milieux de compétition qui sont loin, très loin pour moi des habitudes geek, et qui nécessitent pour le coup un gros travail éducatif.
Le gros reproche de sa démarche, c'était de définir le geek comme une communauté IRL , ce qu’elle n’est pas, et d'étayer son discours par une recherche certes importante mais qui n'était là que pour servir son propos en piochant un peu en France, aux Etats-unis etc... Il y a des sociologues comme David Peyron qui travaillent sur la culture geek, et son travail s’appuie sur des chiffres, des enquêtes bref un vrai travail scientifique, avant d’en tirer des conclusions ou même de les nommer.

Cette communauté culturelle s’affirmera en fonction de ce que nous déciderons qu’elle soit, et donc c’est à ceux à qui l’on donne la parole de la définir comme ouverte a tous, si l’on veut qu’elle le soit.
Mais ma meilleure réponse c'est cette image :


 
15)  Si tu n’avais pas rencontré cette culture, aujourd’hui tu serais… ?
 
Ah, la pour connaître la réponse il faudrait déjà savoir si le multivers est une théorie ou un fait.

16)  Pour finir, quelles sont les œuvres que tu détestes le plus dans la culture geek ?
 
Détester ? c'est un mot lourd de sens, il n'y a rien que je détestes dans les grands piliers, je peux ne pas aimer, mais lui reconnaître de l'importance. Les choses pour lesquels je me suis vraiment fait violence récemment sont certains jeux vidéos de dernière génération, ainsi que les mises en couleurs des comics, je serais
vraiment heureux que tout ça passe au n&b.


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